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Dans le cadre de la série sur le logement de la YWCA Canada qui analyse la crise du logement liée au genre, cet article de blogue met en lumière le rapport de la YWCA Cambridge, « Women’s Homelessness in Cambridge: Knowledge Sharing & Interventions».
L’itinérance est un problème urgent dans de nombreuses communautés et a de nombreuses conséquences à court et à long terme. Cela est particulièrement vrai à Cambridge (ON), où l’itinérance des femmes est particulièrement affectée par le désert de services au sein de la ville et le manque total d’hébergement d’urgence pour les femmes en situation d’itinérance. Le rapport de la YWCA Cambridge expose le besoin urgent d’une action collaborative et de stratégies d’intervention globales pour soutenir et comprendre les besoins spécifiques des femmes et des personnes de diverses identités de genre en situation d’itinérance à Cambridge.
L’origine du rapport
Roz Gunn, directrice des communications et du plaidoyer à la YWCA Cambridge, a souligné l’importance de mettre en évidence l’itinérance et la violence basée sur le genre comme des problèmes interconnectés, en particulier dans des communautés comme Cambridge où les services ne répondent pas aux besoins de la population.
Pour elle, ce rapport, dont les recherches et la rédaction ont été dirigées par Jen Gordon, responsable du plaidoyer de la YWCA Cambridge, est le début d’une conversation plus large sur ce que signifie bâtir une communauté et rendre les villes équitables : « Nous espérons que ce n’est qu’une contribution au discours sur l’itinérance et que ça puisse aider à élargir la compréhension qu’ont les personnes sur l’itinérance et permettre de reconnaître que la crise est encore pire que nous ne le pensons lorsque nous prenons en compte le nombre d’individus que nous pouvons estimer être en situation d’itinérance cachée. »
Comme l’a souligné Gunn, tous les niveaux de gouvernement doivent s’engager dans des solutions politiques créatives, des investissements ciblés et bien plus encore pour résoudre cette crise : « Cela peut être fait et cela doit être fait parce que c’est désormais une question de droits humains. »
Itinérance cachée
Le rapport fournit un aperçu plus complet des défis auxquels fait face Cambridge, en abordant en particulier la question de « l’itinérance cachée ». Il décrit la situation dans laquelle des personnes séjournent chez des ami·e·s, des familles ou même des personnes étrangères sans garantie de maintien du logement ni perspective immédiate de logement permanent. Les femmes et les personnes de diverses identités de genre sont plus susceptibles de connaître des formes cachées d’itinérance. En conséquence, l’ampleur de la crise du logement liée au genre, l’utilisation réelle des services et la demande réelle de services restent inconnues. À Cambridge, on estime que 5 089 femmes sont actuellement, seront ou auront vécu de l’itinérance cachée, selon les données disponibles de Statistique Canada sur les ménages à faible revenu dirigés par des femmes.
« Actuellement, il existe de sérieuses lacunes tout au long du continuum du logement à Cambridge. Non seulement il n’y a nulle part où aller pour une femme en situation d’itinérance, mais aussi des manques tout au long du continuum de logements où des logements de transition et avec services de soutien, des loyers adaptés au revenu ou des logements locatifs abordables manquent complètement », a déclaré Gunn.
L’impact du désert de service à Cambridge
En raison de la pénurie de logements appropriés et abordables pour les femmes et les personnes de diverses identités de genre et leurs familles, en particulier dans un contexte de crise du logement liée au genre, les personnes les plus touchées ont du mal à trouver des ressources.
© YWCA Cambridge (2023) Women’s Homelessness in Cambridge: Knowledge Sharing & Interventions Cambridge, p.20
Selon Gunn : « L’inéquité la plus flagrante est le manque total de lits dans les hébergements d’urgence pour les femmes à Cambridge. Il y a 45 lits dans les hébergements contre la violence faite aux femmes à Cambridge ; cependant, ils s’adressent spécifiquement aux femmes victimes et survivantes de violence entre partenaires intimes et ne répondent pas directement aux personnes en situation d’itinérance. »
« L’hébergement d’urgence pour l’itinérance dont nous disposons est mixte, et nous savons maintenant que les femmes n’y iront pas, car elles ont tendance à éviter les espaces mixtes en raison des risques très réels de violence auxquels elles seraient confrontées dans de tels espaces » a ajouté Gunn.
En conséquence, les femmes doivent souvent choisir entre la sécurité et les systèmes de soutien dont elles ont besoin, perpétuant ainsi le cycle de l’itinérance. L’absence d’hébergement d’urgence dédiée, de logements de transition et de logements avec services de soutien spécifiquement adaptés aux besoins des femmes leur donne des options limitées pour reconstruire leur vie après l’expérience traumatisante d’être en situation d’itinérance à Cambridge.
Lutter contre l’itinérance des femmes à Cambridge
À travers ce rapport, la YWCA Cambridge appelle à la collaboration au sein de la communauté et des secteurs pour apporter des interventions indispensables à l’itinérance des femmes à Cambridge. Kim Decker, PDG du YWCA Cambridge, a déclaré dans une interview avec le Kitchener Waterloo Record : « Il n’y a rien, et les femmes de Cambridge méritent mieux […] Je pense que nous savions depuis un certain temps que la situation empirait. »
Gunn a partagé un réel intérêt à sensibiliser un maximum de personnes sur ce problème en appelant tout le monde à : « lire, partager, aider à faire connaître le besoin urgent, non seulement dans la communauté, mais dans toutes les communautés où les politiques n’ont pas encore fait changer la situation afin de refléter une meilleure compréhension d’itinérance. Ce rapport est l’occasion de sensibiliser aux différences dans la manière dont les femmes vivent l’itinérance par rapport aux hommes, et par conséquent d’éclairer les choix des décideur·euse·s politiques lorsque cette question est abordée. » Comme elle l’a ajouté : « l’itinérance des femmes a tendance à être beaucoup moins visible ».