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Impossible de stopper tou·te·s les intolérant·e·s et les trolls : protéger les organismes 2SLGBTQIA+ de la haine sur Internet

Published on 27/04/2023 by AV Verhaeghe et Hannah Maitland

La pandémie de COVID-19 nous a forcé·e·s à transposer une grande partie de notre quotidien en ligne. Des soins de santé à l’enseignement, du divertissement aux activités sociales, bien des choses avaient lieu à travers un écran, et nous continuons de vivre dans un monde grandement virtuel. De nombreux organismes 2SLGBTQIA+ ont transféré leurs services sur Internet durant cette période, et même si les programmes à distance sont avantageux sur le plan de l’accessibilité et de la visibilité, ils posent beaucoup de risques pour les personnes queers. Malheureusement, le harcèlement des membres de la communauté 2SLGBTQIA+ s’est aussi déplacé sur Internet, et on observe au Canada une hausse de la queerphobie sur Internet et en personne.

Lorsque la pandémie a été déclarée en 2020, Stephanie Jonsson et Hannah Maitland ont fondé l’Ontario Digital Literacy and Access Network (ODLAN) pour répondre aux difficultés liées à la fracture numérique que vivait la communauté 2SLGBTQIA+. Les adultes 2SLGBTQIA+ plus âgés étaient particulièrement vulnérables à l’isolement et à la solitude et avaient souvent du mal à se servir des technologies numériques vers lesquelles les organismes queers s’étaient tournés. Pour combattre cet isolement, l’ODLAN a conçu un répertoire de ressources en littératie numérique gratuites et facilement accessibles et a commencé à relier les organismes de littératie numérique et 2SLGBTQIA+ pour qu’ils puissent travailler ensemble et créer des services numériques accessibles et inclusifs pour les personnes queers. Même s’il existe maintenant beaucoup d’autres ressources pour aider la communauté queer à accéder à de l’équipement technologique et à approfondir sa culture numérique, encore aujourd’hui, la sécurité demeure une préoccupation majeure.

Les campagnes de propagande haineuse anti-2SLGBTQIA+ sur Internet menacent les droits démocratiques des personnes 2SLGBTQIA+ (Quintal, 2022; Tran, 2022). La haine anti-2SLGBTQIA+ est propagée par les mèmes, les GIF, les vidéos et les autres éléments de contenu numérique qui représentent les personnes 2SLGBTQIA+ comme des prédateur·trice·s et des agresseur·euse·s (Quintal, 2022). Par exemple, les femmes transgenres sont ciblées par de la propagande anti-2SLGBTQIA+ en ligne et sont « décrites comme des prédatrices qui ont effectué une transition de genre dans l’unique but d’accéder à des espaces réservés aux femmes et d’agresser de jeunes filles » (Quintal, 2022). Ces représentations dénigrantes circulent parmi les groupes et les personnes anti-2SLGBTQIA+, qui les partagent sur des plateformes de médias sociaux populaires comme Instagram, TikTok, Facebook et Twitter. Selon le Réseau canadien anti-haine, la propagande en ligne pose un danger pour la communauté 2SLGBTQIA+ en véhiculant des stéréotypes visant à discréditer les connaissances scientifiques qui appuient la diversité des genres et des orientations sexuelles. Au Canada, les menaces proférées en ligne pour empêcher la tenue d’événements 2SLGBTQIA+ ont augmenté en raison du discours nuisible à l’endroit de la communauté 2SLGBTQIA+ (Tran, 2022).

Même si l’ODLAN s’efforce d’aider le plus de gens possible avec son répertoire de ressources en littératie numérique, l’organisation a dû limiter sa présence sur les médias sociaux pour éviter le harcèlement et protéger sa communauté. Cette expérience est loin d’être un cas isolé pour les groupes 2SLGBTQIA+, et de nombreux organismes pairs ont aussi vécu du harcèlement en ligne, ont fait l’objet de menaces et ont vu les données personnelles de leurs membres être divulguées. La cofondatrice de l’ODLAN, Stephanie Jonsson, a pris la décision de limiter la visibilité de l’organisation en ligne étant donné ce qu’elle avait vécu en tant que gestionnaire des médias sociaux pour d’autres organismes 2SLGBTQIA+. Elle a observé que les publications commanditées recevaient « un tsunami de haine de gens qui ne faisaient pas partie du public cible ». Depuis sa formation, l’ODLAN a orienté consciemment ses méthodes de communication et de mobilisation des connaissances de façon à atteindre le noyau dur de la communauté et à minimiser l’attention négative.

Le harcèlement queerphobe continue de s’aggraver au pays, mais il existe très peu d’études canadiennes sur les conséquences de ce type de cyberviolence sur la communauté queer. L’ODLAN a décidé d’agir contre les discours haineux sur Internet en lançant un projet de recherche avec d’autres organisations 2SLGBTQIA+ canadiennes pour explorer comment les gens qui travaillent avec les organismes queers vivent la transphobie en ligne et la combattent. Le Programme de contributions en matière de citoyenneté numérique appuie des projets qui visent à renforcer la résilience du Canada à l’égard des préjudices et de la désinformation en ligne et soutient notre projet « Pratiques possibles pour protéger les organisations de la haine queerphobe sur Internet ». Une fois l’étude terminée, nous disposerons de données sur les stratégies utilisées par les autres organisations pour combattre la haine en ligne, et l’ODLAN tiendra des ateliers éducatifs pour favoriser une discussion avec les leaders de ces organisations afin de connaître leur expérience et les mesures préventives instaurées pour assurer la sécurité des individus et de la communauté.

Ce projet est financé par le Programme de contributions en matière de citoyenneté numérique et est réalisé avec le soutien de Rainbow Faith and Freedom et de Wisdom2Action.

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