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Ne revenons pas à la façon dont nous discutions avec le gouvernement avant la pandémie.

Published on 23/08/2021 by YWCA Canada

Publié à l’origine dans le Hill Times le 23 août 2021 – Éditorial de la Directrice nationale des politiques publiques et des communications stratégiques de YWCA Canada, Anjum Sultana, et de ses collègues Josh Berman, Anita Khanna, Jason Clark, Jessica Stepic Lue, Sam Andrey, Marie-Lauren Gregoire-Drummond et Bridget Bowman.

Plus tôt cette année, une consultation sur les services de garde d’enfants a réuni simultanément des intervenant·e·s de Yellowknife, Winnipeg et Toronto. À la fin de l’année dernière, 36 jeunes ont tenu 25 réunions avec des député·e·s dans huit provinces et territoires pour parler de l’impact de la COVID sur leur santé, leur emploi et leurs communautés. Des activistes en matière d’égalité des genres de tout le pays ont discuté avec la ministre des Finances, Chrystia Freeland, des répercussions importantes de la pandémie sur les femmes et de la façon dont les femmes ont été touchées de façon disproportionnée d’un océan à l’autre. Ces engagements ont eu lieu sans qu’il soit nécessaire de prendre le train ou l’avion, sans que les jeunes manquent l’école ou que les ministres, les parents et les aidant·e·s manquent le petit-déjeuner avec leur famille. Les réunions virtuelles avec le gouvernement, même si elles ne sont pas une panacée, permettent un engagement plus inclusif et plus accessible, sont plus respectueuses de l’environnement et peuvent soutenir les responsabilités liées aux soins. Ne revenons pas à la façon dont nous établissions nos relations gouvernementales avant COVID.

Avant la pandémie, les réunions téléphoniques et virtuelles avec les politicien·ne·s et les hauts fonctionnaires étaient souvent considérées comme de second ordre par le gouvernement et de nombreuses parties prenantes. Ainsi, les organisations basées à Ottawa ont eu beaucoup plus accès aux fonctionnaires, les autres organisations étant limitées à celles qui pouvaient se permettre de payer des billets d’avion pour que leur personnel assiste à des réunions en personne, de payer des équipes de relations gouvernementales, ou qui avaient la chance d’accueillir un.e ministre ou un.e député.e pendant leur tournée. Cela peut sérieusement limiter la capacité des petites organisations qui peuvent servir divers groupes méritant l’équité à accéder et à s’engager auprès des gouvernements, comme les organisations dirigées par ou soutenant les communautés 2SLGBTQIAA+, les personnes en situation de handicap, les communautés Noires, Autochtones et racialisées, les nouveaux et nouvelles arrivant·e·s, les femmes et les personnes de genre différent. Nous pouvons faire mieux.

Nous pensons que les engagements virtuels avec les politicien·ne·s, leur personnel et les fonctionnaires doivent rester et être considérés comme une méthode aussi valable que les réunions en personne. Bien qu’il y ait des limites dont nous discutons brièvement ci-dessous, les engagements virtuels ont au moins trois attributs importants qui justifient qu’ils fassent partie de la façon dont le gouvernement s’engage avec les parties prenantes à l’avenir.

Tout d’abord, les réunions virtuelles avec le gouvernement peuvent permettre un engagement plus inclusif, plus accessible et plus authentique. Au lieu que les voix des services de première ligne et des services directs soient évincées, les travailleur·euse·s de la santé, par exemple, peuvent parler directement au ministre de la santé pendant leur pause déjeuner et les bénéficiaires directs des efforts de développement international du Canada peuvent parler des besoins de leurs communautés depuis l’autre bout du monde. Les député·e·s et les ministres peuvent organiser des journées de bureau virtuel qui favorisent cette méthode accessible et inclusive et permettent aux électeurs et électrices confiné·e·s à la maison, ainsi qu’à d’autres, de s’engager virtuellement.

Deuxièmement, si le Canada veut réduire considérablement ses émissions afin de respecter ses engagements climatiques de Paris et d’opérer une transition vers une économie nette zéro d’ici 2050, comme le prévoit la Loi canadienne sur la responsabilité en matière d’émissions nettes zéro, chacun·e d’entre nous doit faire sa part. En maintenant les engagements virtuels comme l’un des principaux outils de notre boîte à outils d’engagement politique, nous pouvons réduire notre empreinte carbone et soutenir la réalisation de nos accords nationaux et internationaux sur le climat.

Enfin, de nombreuses conversations ont porté sur les difficultés que la pandémie a entraînées pour les parents et les aidant·e·s, en particulier les femmes qui assument souvent la part du lion des responsabilités de soins primaires. Au cours des 18 derniers mois, les parents et autres aidant·e·s se sont efforcé·e·s, peut-être plus que jamais, de concilier leurs obligations familiales et professionnelles. Cette situation a eu des répercussions très diverses sur la dynamique familiale, la santé mentale et physique des enfants et des parents et la productivité économique. Pourtant, pour ceux et celles qui ont eu le privilège de conserver leur emploi pendant cette période difficile et de pouvoir travailler à domicile, le bon côté des choses a été de pouvoir prendre davantage de petits déjeuners et de dîners en famille. Au lieu que les ministres, leur personnel et les hauts fonctionnaires voyagent constamment à travers le Canada et que le personnel chargé des politiques publiques et des relations gouvernementales les suive, soyons ouvert·e·s à un engagement virtuel réel et authentique qui nous permette de rester à la maison plus souvent et d’atteindre un meilleur équilibre entre le travail et la vie privée.

Si nous pensons que l’engagement virtuel du gouvernement est, dans l’ensemble, assez positif, il est loin d’être une solution complète et peut exacerber les limites existantes du véritable engagement du gouvernement s’il n’est pas entrepris de manière réfléchie. Comme d‘autres l’ont noté, l’accès aux outils et aux ressources qui permettent l’engagement du gouvernement virtuel est loin d’être universel. Alors que le gouvernement fédéral s’est engagé à ce que 98 % du pays ait accès à l’internet à large bande et haut débit d’ici 2026 et 100 % d’ici 2030, le manque d’accès à l’internet et aux appareils aujourd’hui continuera de laisser beaucoup trop de personnes en dehors du processus d’élaboration des politiques, notamment les Canadien·ne·s à faible revenu, les personnes en situation de handicap, les personnes ayant une expérience vécue de la question politique discutée et les peuples autochtones. Il est important de noter que les gouvernements ont toujours l’obligation de consulter les peuples Autochtones et qu’ils doivent continuer à rencontrer les peuples Autochtones de manière à maintenir et à développer ces relations importantes. Il faut donc toujours réfléchir à la manière de s’engager pleinement afin de ne pas laisser certaines communautés de côté.

L’engagement avec les gouvernements ne devrait jamais être une approche unique et devrait être un processus itératif qui cherche à capter diverses communautés à différents stades du processus de développement politique. En tenant compte de ses limites, nous considérons l’engagement du gouvernement virtuel comme un outil important pour les gouvernements et les parties prenantes qui partagent des objectifs d’inclusion, d’environnement et de soins, et qui devrait survivre à la pandémie de COVID.

Josh Berman est Directeur de la recherche et des politiques publiques de BGC Canada. Anita Khanna est Directrice nationale des politiques publiques et des relations gouvernementales de United Way Centraide Canada. Jason Clark est Directeur des politiques et des relations gouvernementales chez Clean Prosperity. Anjum Sultana est Directrice nationale des politiques publiques et des communications stratégiques à YWCA Canada. Jessica Stepic Lue est Vice-Présidente des relations gouvernementales et du plaidoyer à YMCA Canada. Sam Andrey est Directeur des politiques et de la recherche au Ryerson Leadership Lab. Marie-Lauren Gregoire Drummond est Directrice des communications et des relations avec les parties prenantes à l’Alliance for Healthier Communities. Bridget Bowman est Responsable des communications, des politiques et de la recherche à l’Association nationale des centres d’amitié. 

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