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La violence basée sur le genre (VBG) et la violence entre partenaires intimes (VPI) sont des préoccupations globaux se produisant dans toutes les juridictions, toutes les circonscriptions et toutes les communautés du Canada. Pour les personnes dans des situations de violence basée sur le genre, chaque jour est une urgence.
Durant les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, YWCA Canada a organisé une table ronde « Une épidémie évitable : Prendre des mesures urgentes pour mettre fin à la violence basée sur le genre ». Cet événement a donné lieu à un dialogue passionnant mettant de l’avant Angela Marie MacDougall (Directrice exécutive au sein de the Battered Women’s Support Services), Marissa Kokkoros (Directrice exécutive au sein d’Aura Freedom International), JoAnne Brooks (Coordinatrice au comité fin à la violence faite aux femmes du comté de Renfrew) et Sami Pritchard (Directrice par intérim du plaidoyer et des communications à la YWCA Toronto).
Au cours de cette conversation, nos panélistes ont discuté des préoccupations en terme de santé publique impactant les personnes survivantes et l’importance de déclarer la violence basée sur le genre et la violence entre partenaires intimes comme étant une épidémie, les défis permanents auxquels les personnes survivantes sont confrontées et, enfin, la manière dont les personnes peuvent s’impliquer dans la prévention et le soutien aux communautés qui travaillent et luttent contre la violence basée sur le genre et la violence entre partenaires intimes. Les participant·e·s ont eu l’occasion d’en apprendre davantage sur chaque panéliste et sur leur travail de plaidoyer en cours à différents niveaux et partout au Canada.
Voici un résumé des points marquants que nous avons recueillis lors de cette discussion:
- Angela Marie MacDougall a souligné les racines de la VBG et de la VPI, en les reliant à la stratification sociétale selon des critères de genre et comment le patriarcat se reflète dans la configuration des territoires. Reconnaissant le Canada comme une nation coloniale établie, elle a souligné l’oppression reflétée dans les statistiques sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (MMIWG/FFADA). Elle a ensuite souligné l’importance de maintenir un contexte socio-historique lorsque nous recherchons des solutions politiques. Elle a déclaré que le changement de comportement ainsi que le fait de déclarer la VBG comme une épidémie sont tous deux une priorité. Marissa Kokkoros a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de la VBG car il n’existe pas de solution rapide. Elle a plaidé en faveur d’une approche de santé publique pour obtenir le soutien du gouvernement et de la société, soulignant la nécessité d’intersectionnalité dans la lutte contre le patriarcat, la suprématie blanche et le colonialisme. Elle a vu la déclaration de la VBG et de la VPI comme des épidémies comme une force de mobilisation pour unir le monde contre ces problèmes, soulignant l’importance de l’adhésion de la communauté. Du point de vue rural de JoAnne Brooks, il est nécessaire d’avoir une légitimité pour aborder ces questions afin d’obtenir le financement de campagnes de sensibilisation publique soutenue. JoAnne plaide pour des messages cohérents via divers canaux médiatiques et pour son rôle dans la sensibilisation et la promotion d’un changement culturel. Elle a souligné l’importance du financement durable des services non seulement destinés aux personnes survivantes et aux familles, mais également aux auteurs de violences, parallèlement à une éducation tôt sur les relations saines.
- Après avoir souligné la nécessité de déclarer la VBG et la VPI comme une épidémie, nos panélistes ont partagé leur travail de plaidoyer en cours. JoAnne Brooks a expliqué que son travail et ses objectifs de plaidoyer visaient à attirer systématiquement l’attention du public sur les questions de violence entre partenaires intimes (VPI) et de violence basée sur le genre (VBG). EVA a utilisé des stratégies créatives, telles que le programme d’éducation publique « See it, Name it, Change it », qui a permis l’élaboration d’un programme d’études pour les écoles, les groupes communautaires et les programmes pour les jeunes. L’organisation a lancé des projets d’engagement communautaire tels que la création de monuments honorant les personnes survivantes et les victimes d’agressions sexuelles et permettant ainsi de promouvoir les conversations communautaires. Marissa Kokkoros a ajouté que la campagne « Body Bag for Her » d’Aura Freedom, lancée pendant les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, attire l’attention sur l’action urgente nécessaire pour reconnaître le féminicide au Canada. Comme Marissa l’a souligné, le gouvernement du Canada ne reconnaît, ni ne s’attaque au féminicide. Angela Marie MacDougall a présenté la campagne de son organisation, « Pas de logement, pas d’évasion », abordant l’intersection de la crise du logement et de la violence entre partenaires intimes. Cette campagne remet en question la question courante de savoir pourquoi les personnes survivantes ne quittent pas simplement les relations abusives, en mettant l’accent sur les défis profonds auxquels les personnes survivantes sont confrontées lorsqu’elles prennent de telles décisions. La campagne vise à souligner l’impossibilité d’échapper à la violence sans un logement sûr et abordable.
- La discussion s’est terminée en soulignant comment les personnes peuvent soutenir les personnes survivantes et éliminer les obstacles. Marissa Kokkoros a souligné le rôle clé de l’intersectionnalité, en particulier pour les femmes migrantes et immigrantes, les femmes autochtones, les femmes en situation d’handicap et les autres femmes qui tentent d’accéder aux hébergements. Angela Marie MacDougall a fait écho à ce sentiment, soulignant que leur organisation est profondément enracinée dans l’intersectionnalité. Elle a présenté « The Color of Violence », un projet pluriannuel explorant la relation entre race et genre et la signification des identités intersectionnelles pour les personnes survivantes de la violence. Angela a également souligné le manque général de soutien par rapport aux nombreuses personnes survivantes n’ayant pas confiance dans la police en raison de leur inefficacité perçue dans la lutte contre les préjudices. JoAnne Brooks a attiré l’attention sur les défis que doivent surmonter les zones rurales, où les grandes distances peuvent empêcher l’assistance policière à temps, créant ainsi des conditions dangereuses. Elle a souligné que près de 80 municipalités ont déclaré la VBG et la VPI comme une épidémie, soulignant la nécessité d’un changement de comportement et d’une action fédérale proactive.
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- Dans le cadre de nos 16 jours d’activisme contre la VBG, YWCA Canada appelle les élu·e·s à déclarer la VBG et la VPI comme une épidémie. Cliquez ici et signez une lettre à votre représentant·e
- Campagne de la YWCA de Toronto appellant le gouvernement provincial à déclarer la VPI et la VBG comme une épidémie. Cliquez ici pour faire partie de cet incroyable mouvement et apporter des changements significatifs au niveau de l’Ontario !
- Cliquez ici pour signer la pétition d’Aura Freedom pour demander au gouvernement du Canada de prendre des mesures significatives pour mettre fin au féminicide à travers le pays et de déclarer le féminicide comme une urgence au Canada.