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Une des situations difficiles que doivent confronter les personnes survivantes de violence basée sur le genre (VBG) est la lutte pour trouver un logement permanent et échapper au cycle de violence. Ce processus est éprouvant pour les personnes survivantes. Les statistiques dressent un tableau sombre : environ 1 000 femmes, filles, personnes de diverses identités de genre et enfants ne peuvent pas accéder aux hébergements pour les personnes victimes et survivantes de Violence à l’Égard des Femmes (VEF) en raison de l’espace limité et des conditions d’éligibilité rigoureuses. Ces hébergements ont été initialement conçus comme des solutions à court terme, mais de nombreuses personnes survivantes se retrouvent incapables de quitter ces environnements précaires pendant des années en raison du manque de logements abordables (AFAC,2018).
Au Canada, le parcours pour échapper à des circonstances violentes est semé d’embûches, et l’un des principaux obstacles auxquels les personnes survivantes sont confrontées est la rareté des options de logement abordable. Cette crise est particulièrement présente dans les villes métropolitaines comme Toronto et Vancouver, où la demande de places d’hébergement dépasse de loin leur disponibilité. De plus, les régions rurales et éloignées du Canada, qui comptent une population majoritairement autochtone, sont confrontées à des défis complexes pour fournir des logements abordables, ce qui rend de plus en plus difficile pour les personnes survivantes de changer leur situation.
L’incapacité systématique d’offrir un logement sûr et accessible aux personnes affectées par la violence, associée à un soutien rapide aux personnes survivantes, enfreint fondamentalement leur droit de vivre à l’abri de tout danger et d’avoir un chez-soi sûr et abordable.
Cette crise du logement souligne la nécessité de donner la priorité aux hébergements et aux foyers sûrs pour les mères et leurs enfants en quête de refuge. Un ménage monoparental sur quatre dirigé par une femme vit dans un logement inabordable, temporaire ou inadéquat. De plus, près de 90 % des familles hébergées dans les hébergements d’urgence au Canada sont dirigées par des femmes célibataires, ce qui aggrave le stress qu’elles subissent déjà. Ces mères sont confrontées à la perspective inquiétante de perdre la garde de leurs enfants si elles ne peuvent pas passer d’un hébergement à un logement abordable, exposant ainsi davantage leurs enfants à l’instabilité et à la violence.
Pour briser le cycle de l’itinérance chronique et intergénérationnelle, il existe un besoin urgent d’un financement durable, d’une planification sensible au genre dans les efforts en matière de logement et d’itinérance, et de mettre l’accent sur la guérison et le bien-être pour celles·ceuxse·ceux qui sont sur le point de se lancer dans un avenir sans violence.
En réponse à ce besoin urgent, YWCA Canada, la plus grande fournisseuse d’hébergement au pays pour les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre fuyant la violence, a lancé le Fonds NESS (Fonds national de soutien d’urgence aux survivantes). Ce programme est une bouée de sauvetage directe pour les personnes survivantes, conçu pour éliminer les obstacles financiers qui les empêchent de quitter des situations de violence et de reconstruire leur vie. Avec le Fonds NESS, les personnes survivantes peuvent accéder directement aux fonds pour couvrir le premier et le dernier mois de loyer, les dépôts de garantie, les meubles et les articles ménagers. Toutefois, cela ne remplace pas des options de logement accessibles, appropriées et abordables qui répondent aux besoins des personnes survivantes. De plus, les associations membres locales de la YWCA dans les communautés à travers le Canada offrent des services de recherche d’emploi, une formation en littératie financière, une éducation aux droits juridiques et un soutien à la garde d’enfants, permettant de répondre à la demande de manière spécifique à la communauté et sensible culturellement.
Compte tenu de la nécessité urgente de donner la priorité aux installations spécialement conçues pour répondre à ces problèmes sociétaux, une approche holistique est primordiale. Ce bref aperçu des défis et opportunités aux multiples facettes dans le secteur de la VBG, du logement, de l’itinérance et de la consommation sécuritaire devient de plus en plus évident. Il existe un besoin évident d’un financement durable, d’une planification sensible au genre et d’un soutien accru aux travailleur·euse·s de première ligne.
Nous devons nous appuyer sur nos engagements collectifs pour soutenir la création d’espaces capables de relever efficacement les défis uniques auxquels sont confrontées les personnes touchées par la violence basée sur le genre et l’itinérance. Les politiques et programmes qui promeuvent la dignité, la sécurité et l’inclusion pour tou·te·s peuvent aider les personnes survivantes à se libérer du cycle de la violence et à bâtir un avenir meilleur et plein d’espoir.
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Rejoignez-nous à notre Table ronde « Quand la maison n’est pas sécuritaire : Une table ronde sur le logement et la violence basée sur le genre » le 23 Novembre de 18h à 19h30 HNE