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Premiers points clés à retenir du budget fédéral 2022

Published on 11/04/2022 by Fayza Abdallaoui
  • Un peu plus de deux ans après le début d’une pandémie qui a mis en lumière les défis et les obstacles complexes auxquels les femmes du Canada sont confrontées depuis des décennies, la YWCA Canada ne peut que partager un sentiment de déception à l’égard du budget fédéral 2022. Le budget fédéral 2021 était historique par ses nombreuses mesures destinées à soutenir une relance féministe. Il reconnaissait les multiples problèmes intersectionnels auxquels sont confrontées les femmes et les personnes marginalisées, faisant ainsi écho au rapport « Un plan de relance économique féministe pour le Canada » publié par le YWCA Canada un an auparavant.
  • Les réalités et les besoins spécifiques des communautés Noires, Autochtones, racisées, des personnes en situation de handicap, des communautés 2SLGTBQAA+, des travailleur·euse·s migrant·e·s, des populations à faible revenu, des nouveaux et nouvelles arrivant·e·s et d’autres personnes confrontées à des obstacles systémiques avaient été vus, entendus et présents dans les différentes mesures proposées alors pour soutenir un plan de rétablissement inclusif. Bien que n’étant pas à la hauteur pour certaines mesures, il avait répondu à l’urgence du moment.
  • Dans le budget plus mince de 2022, le mot « femmes » n’est mentionné que 22 fois et le mot « féministe » deux fois, ce qui semble envoyer le message d’un retour à une approche cloisonnée lorsqu’il s’agit d’intégrer une optique ACS+ dans l’ensemble du budget. L’Analyse comparative entre les sexes + était mentionné 386 fois dans le budget précédent, une seule fois dans le budget 2022 relativement au Régime de pensions du Canada.
  • La YWCA Canada fait preuve d’un optimisme prudent grâce à certaines avancées prometteuses avec des investissements nouveaux ou supplémentaires dans le logement abordable, les soins dentaires et le plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le genre. L’organisation regrette l’absence régime universel d’assurance-médicaments (ou « Pharmacare ») ou d’un plan visant à stabiliser le financement de base du secteur caritatif.
  • « Il semble que chaque fois que l’on se serre la ceinture, ce sont les femmes qui en font les frais. Nous voulons nous assurer que le gouvernement fédéral ne revienne pas sur ses engagements à s’attaquer aux mécanismes d’inégalité profondément enracinés alors que les femmes, les filles, les personnes issues de la diversité de genre et les membres des groupes vulnérables vivant au Canada sont toujours confronté·e·s à des défis sans précédent qui menacent leur sécurité, leur santé et leur avenir ». Raine Liliefeldt, PDG par intérim, YWCA Canada.

Organisé autour de trois piliers – investir dans les personnes, investir dans l’économie verte, et investir dans la productivité et l’innovation -, ce budget est présenté alors que la YWCA Canada, les YWCA de tout le pays et ses partenaires peuvent témoigner de la façon dont le manque de logements abordables, l’augmentation du coût de la vie et l’épuisement de nombreuses femmes, en particulier celles qui travaillent dans le secteur des soins dans notre pays, créent encore des inégalités et des conditions de vie vulnérables.

Notre premier regard sur le budget fédéral 2022 est le suivant :

Un obstacle historique à la participation des femmes au marché du travail : La garde d’enfants

Au cours des cinq dernières décennies, la mise en place d’un système abordable de garde d’enfants à l’échelle nationale a été revendiqué. Des accords ont maintenant été signés dans les provinces et tous les territoires, le gouvernement fédéral tenant effectivement sa promesse. Le plan pour construire un système pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants a été présenté comme un changement de donne au niveau de la « libération des femmes » et comme de la « politique économique féministe en action ». La YWCA Canada sera attentive à comment l’investissement historique de 30 milliards de dollars sur cinq ans permettra aux personnes qu’elle sert d’avoir accès à des services de garde et ce, aux nouveaux coûts réduits. Le plan offrant « une moyenne de 50 % d’ici la fin de l’année et une moyenne de seulement 10 $ par jour, d’un océan à l’autre d’ici 2025-26 » sera développé en collaboration avec les provinces, les territoires et les partenaires Autochtones

Il sera crucial de voir comment le plan sera mis en œuvre dans les différentes provinces et territoires, notamment lorsqu’il s’agira de veiller à ce qu’un nombre suffisant d’éducateur.trice.s de la petite enfance soient formé·e·s. Nous avons besoin du nombre nécessaire de places ouvertes et nous avons besoin de la durabilité du modèle d’affaires que les prestataires privés et à but non lucratif adopteront. Assurer un revenu durable aux professionnel·le·s expérimenté·e·s de ce secteur et aux dizaines de milliers d’éducateur.trice.s de la petite enfance qui doivent encore être formé·e·s. devra être une priorité.

Nous espérons voir une augmentation de la participation des femmes sur le marché du travail, comme cela a été le cas au Québec il y a 25 ans lors du changement de leurs politiques.

Garantir l’accès à un logement abordable et sécuritaire, un besoin fondamental 

« Tout le monde devrait avoir un chez soi sécuritaire et abordable » est une déclaration qui résonne particulièrement pour les femmes qui fuient la violence domestique. Les femmes vivant dans les maisons d’hébergement cherchent particulièrement à faire la transition après un séjour dans des refuges à travers le Canada où la durée moyenne du séjour ne cesse d’augmenter. L’offre de logements et l’abordabilité des logements sont des problèmes croissants auxquels sont confronté·e·s de manière aiguë les femmes, les nouveaux et nouvellles arrivant·e·s, les personnes Noires et racisées ainsi que les Autochtones. Finances Canada et la Société canadienne d’hypothèques et de logement estiment que le Canada devra construire au moins 3,5 millions de nouveaux logements d’ici 2031. Les nombreuses mesures annoncées visent à ce que le Canada double le taux actuel de nouvelles constructions au cours de la prochaine décennie. En plus de certaines actions en cours depuis 2015, le gouvernement fédéral a annoncé les mesures suivantes :

  • 4 milliards de dollars sur cinq ans, à compter de 2022-23, à la Société canadienne d’hypothèques et de logement pour lancer un nouveau fonds d’accélération du logement. En collaboration avec les municipalités, ce fonds vise la création de 100 000 nouvelles unités de logement nettes au cours des cinq prochaines années, en mettant l’accent sur les petites localités du Canada atlantique et du nord de l’Ontario.
  • Reconnaissant le besoin urgent de logements abordables pour les personnes qui vivent ou risquent de vivre l’itinérance, l’Initiative de logement rapide est prolongée pour la troisième ronde avec 1,5 milliard de dollars sur deux ans, à partir de 2022-23. Il y aura la création d’au moins 6 000 nouveaux logements abordables, dont au moins 25 % du financement est destiné à des projets d’habitation axés sur les femmes, soit 1 500 unités à travers le pays.
  • Accélérer la construction et la réparation de logements pour les Canadien.ne.s vulnérables permettra d’accélérer la création de jusqu’à 4 300 nouveaux logements et la réparation de jusqu’à 17 800 logements pour les Canadien.ne.s qui en ont le plus besoin.
  • Réforme de l’Initiative de financement de la construction de logements locatifs visant à garantir que les personnes accédant aux logements locatifs économisent sur leurs factures d’énergie.
  • Un plan de 475 millions de dollars pour une prestation supplémentaire unique de 500 $ de l’allocation canadienne de logement. Bien qu’il s’agisse d’une bonne nouvelle pour les nombreuses personnes confrontées à des problèmes d’accessibilité financière, nous avons hâte d’en savoir plus sur les prochaines étapes effectives.
  • Les femmes, les ménages monoparentaux dirigés par une femme, les minorités visibles, les immigrant·e·s, les personnes d’ascendance Autochtone et les personnes en situation de handicap physique constituant la majorité des membres des coopératives, la YWCA Canada se réjouit de l’annonce de la construction de 6 000 nouveaux logements.
  • Le financement renouvelé/additionnel d’Infrastructure Canada pour « Vers un chez-soi : la stratégie canadienne de lutte contre l’itinérance » pour mettre fin à l’itinérance des Canadien.ne.s, y compris les peuples Autochtones, les personnes en situation de handicap et les ancien.ne.s combattant·e·s, et pour la recherche, bien qu’encourageant, nous laisse dans la crainte que les mesures efficaces ne soient pas mises en œuvre assez tôt. Plus de la moitié de la population itinérante de Hamilton sont des femmes, des femmes Autochtones, des personnes trans-féminines, trans-masculines et non-binaires.
  • D’autres mesures plus spécifiques annoncées pour soutenir les personnes achetant leur première maison ou les 150 millions de dollars sur deux ans, à partir de 2022-23 restent confuses. Aucune des mesures – soutien au logement abordable et à l’infrastructure connexe dans le Nord, le crédit d’impôt de 7 500 $ pour la rénovation des maisons multigénérationnelles ou les 4,4 milliards de dollars pour des logements abordables plus verts – ne mentionne dans le document budgétaire principal spécifiquement comment on s’assurera qu’elles soutiennent les groupes les plus vulnérables. C’est une occasion manquée.
  • En l’absence de mesures spécifiques pour mettre fin aux « rénovictions », on peut espérer que des mesures supplémentaires contre les opérations immobilières de vente-achat (ou « flip ») puissent ralentir la gentrification dans certaines zones, un phénomène douloureux pour les personnes vivant avec de faibles revenus.

Avec un long premier chapitre consacré à la question du logement abordable au Canada, où le logement est mentionné 231 fois (165 en 2021), l’abordabilité 97 (56 en 2021), l’itinérance 32 fois (18 en 2021), le gouvernement fédéral a écouté et pris la mesure des situations désastreuses auxquelles sont confrontées les personnes vivant au Canada. Les YWCA offrent un soutien critique à travers tout le pays grâce à leur offre de logements abordables. C’est pourquoi la YWCA Canada sera extrêmement attentive à ce que le financement soit investi là où cela sera nécessaire pour éviter d’aggraver la vulnérabilité des femmes et des groupes vulnérables en raison des coûts élevés et du manque de logements. Le logement est en crise et nous, dans les YWCA, ne le savons que trop bien. Bien qu’il s’agisse d’un droit de la personne fondamental, la capacité de jouir de la sécurité d’un logement à un coût abordable et avec une définition qui reflète réellement les besoins des personnes à faibles et moyens revenus garantit également que des fonds suffisants sont disponibles pour une alimentation saine, le transport, l’éducation, l’épargne et pour participer activement à l’économie et à la vie du pays, réduisant ainsi le besoin à long terme d’investissements sociaux.

Le secteur de la santé mais pas les travailleur·euse·s de la santé

Bien qu’elle soit surprise et préoccupée par la vague mention de la mise en œuvre nationale de l’assurance-médicaments, la YWCA Canada est heureuse de constater la présence des enjeux suivants :

  • Soins dentaires : 5,3 milliards de dollars pour mettre en place une couverture des soins dentaires pour les personnes dont le revenu du ménage est inférieur à 90 000 dollars, en commençant par les enfants et en passant à une mise en œuvre complète d’ici 2025, libérant ainsi une partie du revenu pour d’autres dépenses essentielles. Les soins dentaires sont un élément essentiel de la santé et sont restés trop longtemps hors de portée d’un trop grand nombre de personnes. À court et à long terme, il s’agit d’un investissement important pour la santé et le bien-être des communautés.
  • Soins menstruels : 25 millions de dollars sur deux ans pour établir un projet pilote national pour un fonds d’investissement menstruel.  L’hygiène menstruelle est une nécessité dont personne ne devrait être privé·e en raison de ses revenus. Cela aussi permettra de libérer des ressources financières pour d’autres dépenses essentielles nécessaires. Ce partenariat pilote entre les gouvernements, fédéral et provinciaux, est un pas en avant prometteur.

Nous reconnaissons également une volonté d’élargir davantage l’accès aux programmes de santé mentale avec :

  • 227,6 millions de dollars sur deux ans, à compter de 2022-23, pour maintenir des services tenant compte des traumatismes, culturellement adaptés et dirigés par des Autochtones, afin d’améliorer le bien-être mental, et pour soutenir les efforts entrepris dans le cadre du budget 2021 pour élaborer conjointement des stratégies de santé mentale et de bien-être fondées sur les distinctions.
  • 600 millions de dollars pour des soins de santé mentale novateurs pour les Canadien.ne.s.
  • 20 millions de dollars sur cinq ans, à partir de 2022-23, pour les Instituts de recherche en santé du Canada, en partie pour évaluer et traiter les conséquences sur la santé mentale des aides familiaux.
  • 3,7 millions de dollars sur quatre ans, à compter de 2022-23, au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada pour l’engagement, la conception et la mise en œuvre d’un fonds pour la santé mentale des fonctionnaires fédéraux·ales Noir·e·s.
  • 140 millions de dollars sur deux ans, à partir de 2022-23, à Santé Canada pour le portail Bien-être ensemble Canada – un pourcentage stupéfiant de 42 % des utilisateur.trice.s de textos se sont identifié·e·s comme LGBTQ2.

Tout en reconnaissant que les « défis en matière de santé mentale sont plus grands, en particulier, chez les jeunes, les peuples Autochtones, les personnes Noires et racisées, et les membres de la communauté LGBTQ2 » et en faisant quelques investissements supplémentaires, le gouvernement fédéral s’en tient pour l’essentiel aux programmes et mesures annoncés en 2021 et des mesures supplémentaires plus fortes doivent être prises dans les mois à venir pour ne laisser personne de côté dans les circonstances difficiles que traversent nos communautés.

Pour conclure, la YWCA Canada aimerait réaffirmer l’importance d’un « financement soutenu et adéquat du mouvement canadien pour l’égalité des femmes et des hommes », tel qu’énoncé dans la soumission écrite au comité des finances de la Chambre des communes du Fonds d’action et d’éducation juridiques pour les femmes (en anglais) que la YWCA Canada et 25 autres organisations ont soutenu. Sa première recommandation était de s’engager à consacrer 25 millions par an sur 10 ans au financement de base et 25 millions supplémentaires par an sur 5 ans au renforcement des capacités.

« Le budget 2022 n’est pas à la hauteur dans le domaine de la violence fondée sur le genre en n’engageant pas de nouveaux fonds pour le plan d’action national (PAN) sur la violence fondée sur le genre. Comme mentionné dans plusieurs campagnes et soumissions de YWCA Toronto, nous devons dépenser des milliards, et non des millions, pour une stratégie nationale coordonnée. L’absence de progrès dans ce plan, alors que le nombre de féminicides et de violences fondées sur le genre augmente, est décourageante », a déclaré Jasmine Ramze Rezaee, Directrice du plaidoyer et des communications de la YWCA de Toronto.

 

Préparé par Fayza Abdallaoui, fondatrice et consultante Next Level Impact Consulting.

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