Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, nous lançons une série de mini-blogues de Tara Kleinsteuber, blogueuse invitée et employée de la YWCA de Cambridge. Cette série explore la vérité et la réconciliation et sa propre histoire comme autochtone vivant dans ce monde.
Avant d’assister à l’assemblée annuelle des membres de la YWCA Canada, on m’a dit à quel point le mouvement était puissant, et que je le ressentirais absolument. Et bien, je l’ai senti ; et ce sentiment m’a encouragé et m’a inspiré à utiliser ma voix. Je suis revenue de cette Assemblée Générale Annuelle (AGA) qui avait pour thème la Réconciliation. Nous espérons que cette série de blogues inspirera les gens à ouvrir leur cœur à la vérité et à transformer ce qu’ils ont appris en compréhension et en désir de faire le travail.
J’ai récemment eu l’occasion d’assister à l’AGA de la YWCA Canada à Brandon, au Manitoba. Le thème de cette année était vérité et réconciliation : de l’éducation à l’action.
D’après le titre, on pourrait supposer que nous allions commencer par développer une compréhension de ce que signifient la vérité et la réconciliation, et que nous utiliserions ensuite cette connaissance pour passer à l’action. Mais de nombreuses membres présentes à la réunion ont pu dire comment elles prenaient déjà des mesures. Certaines ont dit qu’elles ne prenaient pas de mesures à l’heure actuelle et d’autres ont dit qu’elles estimaient ne pas en faire pas assez.
« Assez » est un mot intéressant. Cela implique qu’il y a une limite au travail. « Assez », implique que les actions peuvent être mesurées ou cochées dans une liste. Le mot « action » semble évoquer chez les gens le besoin d’avoir des descriptions distinctes de ce qu’ils font. Ces descriptions conduisent à des listes qui permettent de mesurer ce qui est « suffisant ». Mais l’œuvre de vérité et de réconciliation s’achève-t-elle un jour ? Peut-elle être quantifiée ? Non. C’est un processus continu. C’est d’être à l’écoute. C’est ouvrir son cœur. C’est ouvrir son cœur pour entendre.
L’éducation est un processus continu. L’écoute des vérités des Premières nations, des Métis et des Inuits ne devrait jamais cesser. L’action et notre perception de « l’action » doivent être évaluées quotidiennement. Je dis cela en m’appuyant sur mon expérience. On ne peut pas éduquer les gens sur toute ma vérité et dresser une liste d’actions tangibles qui me feront me sentir mieux comme résultat final. Le traumatisme que ma famille a subi a façonné ce que je suis. Ce traumatisme est porté dans mes pensées, dans mes actions, dans mon sang, dans mon existence. Cela signifie que chaque jour, j’ai besoin d’être vue, d’être entendue, d’être comprise.
Le fait d’avoir eu l’occasion d’assister à l’assemblée annuelle des membres de la YWCA Canada m’a donné l’impression d’être vue, entendue et comprise. C’était un acte de réconciliation pour moi que la YWCA de Cambridge a reconnu que j’avais besoin non seulement d’une occasion de me perfectionner dans mon travail, mais aussi que je devais saisir cette occasion de me perfectionner dans mon travail sur la patrie de mon peuple, les Métis de la rivière Rouge.
Pour vous donner un exemple de l’importance de cette occasion pour moi, je vais partager avec vous un moment de mon processus de guérison. Leah LaPlante, Vice-présidente de la Fédération des Métis de la région du sud-ouest du Manitoba, a déclaré que l’un de ses ancêtres est Cuthbert Grant. Cuthbert Grant est mon arrière, arrière, arrière, arrière, arrière, arrière-grand-père. Dans le même discours, elle a déclaré qu’elle ne voulait jamais entendre un petit-enfant demander qui étaient ses grands-parents. À ce moment-là, j’ai pleuré. J’avais posé cette question. Et ce n’est que ces dernières années que j’ai découvert qui était ma famille. J’avais besoin d’entendre quelqu’un comme moi dire ça. J’avais besoin d’entendre l’impact que cela a eu sur eux. Sa vérité était reliée à mon cœur, et je lui ai parlé par la suite à cause de cela. Elle m’a demandé de la contacter pour qu’elle puisse préparer mon histoire pour moi. Je n’aurais jamais rencontré cette femme si je n’avais pas pu assister à l’AGA de la YWCA Canada.
C’est le message que j’essaie d’exprimer ; la réconciliation n’est pas seulement un processus continu, c’est un processus individuel. J’ai grandement profité de l’occasion de me voir représentée au Manitoba, d’entendre la reconnaissance de la terre de mes ancêtres et d’écouter les vérités de mes sœurs de la PNMI. Mais cette action aurait-elle la même importance pour quelqu’une d’autre ? Pas si elles ne partagent pas la même vérité que moi, pas si leur vérité ne les a pas impactées de la même manière, pas si elles ne sont pas au même endroit dans leur voyage que moi. Je profite de cette occasion comme un acte de réconciliation de la YWCA Cambridge, parce que je sais qu’elles ont entendu ma vérité. Je sais qu’elles ont entendu dire que j’avais besoin de me faire représenter. Je sais qu’elles comprennent l’impact sur moi de la perte de mon ascendance. Je suis reconnaissante de cette mesure, mais je reconnais qu’il y a encore du travail à faire. Un travail qui ne finit jamais ; un travail qui n’est jamais « assez ».