Adresser à la haine

Centrer les survivant·e·s de la haine en ligne

En 2022, dans le cadre du projet Bloquons la haine: Favoriser la résilience contre les discours haineux en ligne, YWCA Canada a commandé des sondages nationaux et a réuni dix groupes de discussion pour discuter des expériences individuelles et collectives de la haine en ligne à travers le Canada et pour développer des solutions générées par la communauté et centrées sur les survivant·e·s afin de freiner la circulation de la haine numérique et d’atténuer ses méfaits.  

 Nous avons appris que 83% des femmes et des personnes de diverses identités de genre au Canada ont été témoins de haine en ligne au cours des 24 derniers mois. Nous avons aussi également appris que les personnes qui s’identifient en situation de handicap, les Autochtones, les 2SLGBTQI et les personnes Noir.e.s sont disproportionnellement plus susceptibles d’être ciblés en ligne.  

Ces statistiques sont troublantes, et alors que nous travaillons à la création d’espaces en ligne plus sécuritaires, nous devons continuer à centrer les personnes, leurs expériences et leurs histoires, qui sont au coeur de ce travail.  

Dans la première d’une série en cours, Ashleigh-Rae-Thomas, une écrivaine Afro-Caribéenne, animatrice et organisatrice communautaire passionnée de Toronto, d’ origine jamaïcaine, partage son expérience d’ être la cible de haine raciste et sexiste en ligne. 

Auteure: Ashleigh-Rae Thomas 

Il y a à peu près un an, j’ai reçu un courriel d’une adresse sécurisée, d’un homme se faisant appeler “Maître Whiteman”. 

Au début, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un e-mail frauduleux étrange. Je n’avais partagé cette adresse e-mail avec personne en dehors des emplois pour lesquels je postulais. Je ne sais toujours pas, à ce jour, comment il a reçu mon adresse.  

Il m’a décrit de la manière la plus misogynoiriste (misogynie contre les femmes Noires), raciste, homophobe, grossophobe et menaçante qu’il pouvait. 

Permettez-moi de revenir en arrière et de vous donner un peu de contexte.  

Fin septembre et début octobre 2021, nombre de mes collègues et pairs recevaient des courriels haineux. Il s’agissait pour la plupart de femmes de couleur recevant des messages racistes et sexistes. Certains messages mentionnaient la couverture de la COVID de mes pairs. D’autres ont mentionné des politiciens dont ils avaient parlé. 

Juste la nuit avant que j’aie reçu mon courriel électronique, j’ai vu qu’un autre journaliste qui m’avait formé avait reçu un message affreux. Je me souviens d’avoir commenté sur la publication incrédule, et d’avoir lui offert mon soutien. C’est peut-être pour ça que j’ai été ciblé ensuite. 

À son crédit, Maître Whiteman était très descriptif. Son choix de mots m’a fait paniquer. L’une des choses les plus apprivoisées qu’il m’a appelées était un « chimpanzé chauve en robe », ce qui m’a amené à croire qu’il avait vu le selfie que j’ai posté sur Twitter, avec mes cheveux coupés bas alors que je portais une robe orange. 

J’avais l’impression d’être observé. Il savait à quoi je ressemblais. Il connaissait mon adresse courriel Il savait que j’étais une femme queer parce qu’il m’appelait aussi un « homme qui déteste les lesbiennes ». 

 Au début, je plaisantais parce que je n’arrivais pas à y croire. C’était tellement détestable que c’en était presque ridicule. Le courrier haineux aux journalistes est tellement cliché, n’est-ce pas ? Je ne m’attendais pas à en avoir un si tôt dans ma carrière junior. J’avais certainement reçu des commentaires haineux sur des articles que j’avais écrits dans le passé, mais on apprend vite à ne pas lire les commentaires ou à ne pas s’engager avec des trolls. 

J’ai fini par avoir besoin de quelques jours de congé. Mes gestionnaires l’ont signalé à la police, qui n’a pas été d’une grande aide. Le serveur de messagerie a supprimé l’adresse courriel de Maître Whiteman, mais ils ne pouvaient pas (ou ne voulaient peut-être pas) agir davantage. J’ai eu tellement peur de vérifier mes courriels après cela. Même si ce n’était qu’une fois, et c’était il y a un an, je crains toujours d’en avoir une autre.  

L’internet ne devrait pas être un endroit effrayant pour les femmes, et les journalistes ne devraient pas avoir à vivre dans la peur d’être pris pour cible. Je suis reconnaissante que ce ne soit qu’une seule fois – certains de mes pairs sont encore harcelés à ce jour. 

Un jour, ce ne sera pas un aléa du travail ou un avantage malheureux d’être une personne marginalisée sur Internet. J’espère juste qu’on pourra nous garantir une protection avant que quelqu’un ne soit gravement blessé. 

Bloquons la haine

A woman with her hand in front of her blocking her face. Grey-scaled. Photo by Mattia Ascenzo on Unsplash.

Bloquons la haine: Favoriser la résilience contre les discours haineux en ligne est un projet de recherche et de mobilisation des connaissances sur quatre ans financé par le Fonds pour la résilience communautaire de Sécurité publique Canada. Il sera basé sur une collaboration avec divers secteurs afin de créer de solutions concrètes pour les discours et les crimes haineux en ligne dans les collectivités partout au Canada.

L’objectif global de ce projet est d’améliorer la résilience des collectivités en élaborant des outils d’intervention technologiques pour prévenir, combattre et signaler les discours haineux en ligne grâce à la recherche communautaire.

Il renforcera les réponses de la société civile aux niveaux national et local grâce à un engagement avec le secteur de l’information, de la communication et de la technologie ainsi qu’avec les communautés locales pour créer et partager des contre-propos contre le racisme anti-noir, le racisme anti-autochtone, l’islamophobie et la xénophobie ou tout autre discours raciste. Le projet ciblera les jeunes âgé.e.s de 14 à 30 ans dans des collectivités partout au Canada, en mettant l’accent sur les jeunes en situation de marginalisation, y compris les jeunes femmes et les jeunes non binaires, les Noirs, les Autochtones et les jeunes de couleur, les jeunes LGBTQ2S+, les minorités religieuses et les jeunes vivant avec un handicap.

Le projet comprend quatre volets : la recherche et la mobilisation des connaissances, la création de partenariats avec une coalition d’intervenants, la création d’outils pour lutter contre les discours haineux au Canada et le renforcement des capacités des acteurs communautaires.

Déstabiliser & démanteler ! Bourse de leadership

YWCA Canada publie un rapport de recherche #BlockHate et des données de sondage

La YWCA Canada a rédigé un nouveau rapport sur la haine en ligne au Canada, qui se concentre sur les voix, les expériences vécues et les stratégies partagées par les jeunes femmes et les jeunes de diverses identités de genre âgés de 16 à 30 ans.

Lisez le rapport ici : #Bloquons La Haine: Centrer les survivantes et passer à l’action contre la haine en ligne au Canada – Rapport national 

Lisez les résultats des données de sondage ici : Le genre et la haine en ligne au Canada: Une enquête nationale sur les discours de haine en ligne vécus par les femmes et les personnes de diverses identités de genre âgées de 16 à 30 ans

Médias

Photo by Brian A. Jackson via Shutterstock. Media spelled out with White Scrabble Tiles with newspapers rolled up in the background.

Presse:


Pour de plus amples renseignements sur le programme, veuillez communiquer avec nous à projects@ywcacanada.ca.

Bloquons la haine: Favoriser la résilience contre les discours haineux en ligne est financé par le gouvernement du Canada, Sécurité publique Canada.