Catherine Morrison, participante au Programme national de leadership des jeunes femmes de YWCA Canada et diplômée de l’Université McGill en études sur le genre, sexualité, féminisme et justice sociale, souligne les impacts sexospécifiques de la pandémie COVID-19 sur les jeunes. Catherine partage comment nous pouvons arrêter la pandémie fantôme pendant cette crise – la violence fondée sur le genre.
Les taux de violence fondée sur le genre ont considérablement augmenté au cours de la pandémie de COVID-19. Au cours des derniers mois, la société a vu une augmentation des services de police, de la surveillance numérique, des abus sexuels, du racisme, de la cyber-violence et de la violence domestique. Au milieu de l’auto-isolement, les femmes, les groupes racialisés, les communautés de nouveaux arrivants, les parents isolés, les personnes non binaires et les enfants sont exposés à la fois à des formes préexistantes de violence fondée sur le genre ainsi qu’à de nouvelles formes de violence qui ont été créées ou augmentées en raison des conditions de vie risquées introduites par COVID-19.
Alors que de nombreuses personnes sont actuellement touchées par la violence fondée sur le genre, les jeunes, âgés de 30 ans et moins, sont confrontés à ce problème de manière unique. Les jeunes femmes, les personnes non binaires et bispirituelles (âgées de 15 à 24 ans) sont plus susceptibles de subir des violences fondées sur le genre que tout autre groupe d’âge.
De plus, comme l’une des démographiques ayant le moins de revenus financiers, les jeunes sont plus que jamais sous pression pour s’insérer dans des situations de vie et de travail dangereuses. En fait, dans une enquête menée par Statistique Canada, environ 50% des jeunes ont déclaré que la pandémie de COVID-19 aurait un impact «modéré» ou «majeur» sur leur capacité de s’acquitter de leurs obligations financières, les amenant à faire face à d’énormes stress.
Pour de nombreux jeunes, le retour à la maison pour vivre avec leurs parents est devenu la seule option en raison de l’incapacité de payer leur loyer en raison d’une perte d’emploi. Pour beaucoup, rentrer chez eux a signifié se réinsérer dans une dynamique dangereuse et abusive. Selon la ministre des Femmes et de l’Égalité des genres, Maryam Monsef, COVID-19 a donné du pouvoir aux auteurs de violences domestiques alors que les taux de violence ont augmenté dans de nombreuses régions du pays. En raison de l’augmentation des problèmes financiers et de santé mentale, les familles étant contraintes de s’isoler, il est plus probable que jamais que les individus agissent de manière erratique, ce qui conduit à des cas de violence domestique.
Les jeunes constituent également une grande majorité de ceux qui travaillent dans les industries de première ligne, les secteurs de production de services, tels que la restauration et le commerce de détail alimentaire. Ceux qui travaillent dans les épiceries, les pharmacies et les restaurants de mets à emporter, de livraison et de restauration rapide doivent travailler quotidiennement dans des conditions précaires. Bien qu’ils soient mentionnés comme des « héros » par les principaux médias, ces personnes continuent de recevoir de bas salaires tout en devant servir des clients abusifs et en mettant leur vie et celle de leurs proches en danger.
Comme de nombreuses personnes ont perdu une source importante de revenus en raison de licenciements à l’échelle nationale et de baisses de salaire, une grande majorité de jeunes ont du mal à payer leurs factures. À la lumière de la situation, il y a eu une augmentation du harcèlement des propriétaires, qui infligent de plus en plus de mesures agressives aux locataires. Dans certains cas, les propriétaires ont commencé à contraindre les jeunes, en particulier les femmes et les individus non binaires, à compenser leur incapacité à payer le loyer par des actes sexuels.
Pour lutter contre la montée de la violence fondée sur le genre pendant la pandémie de COVID-19, le gouvernement canadien a promis 7,5 millions de dollars à Jeunesse, J’écoute et 50 millions de dollars aux hébergements pour femmes, aux centres d’agression sexuelle et aux services de soutien aux Autochtones. Cependant, davantage peut être fait pour aider les jeunes victimes de violence fondée sur le genre.
Comme nous l’avons vu, COVID-19 a jusqu’à présent aggravé de nombreuses injustices ou inégalités existantes, mais il ne doit pas nécessairement en être ainsi. La pandémie offre une occasion sans précédent de reconstruire notre filet de sécurité sociale et nos systèmes à partir de zéro. La violence fondée sur le genre en est un exemple – il est essentiel que des changements soient apportés au niveau systémique en élaborant un plan d’action national pour lutter contre la violence fondée sur le genre.
Répondons maintenant à la violence basée sur le genre (par exemple en faisant un don au fonds COVID d’urgence de la YWCA) et à l’avenir, en encourageant notre gouvernement à adapter une approche féministe à la maladie COVID-19. Nous ne pouvons pas laisser cette pandémie fantôme se poursuivre sans une action immédiate.
#ArrêtonsLaPandémieFantôme
Catherine Morrison est une déléguée du Programme national sur le leadership des jeunes femmes: De grandes idées ! Jeunesse en action ! de 2020. Pour en savoir plus, visitez le site www.thinkbigleadnow.com ou contactez-nous par courriel à projects@ywcacanada.ca. Ce projet est financé en partie par le gouvernement du Canada et la Fondation RBC.